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Que cache la guerre des juges !


France

Que signifie le récent épisode de l’affaire Woerth-Bettencourt opposant violemment le procureur Courroye à la juge Isabelle Prévost-Desprez ? Peu importent ici les querelles de procédure, l’essentiel est ailleurs. La réalité est à la fois triste et simple : depuis le début, face aux curiosités dérangeantes de la juge, le pouvoir en place est décidé à faire, par procureur et procureur général interposés, flèche de tout bois. L’image de la Justice n’en sortira, certainement pas grandie !L’un des moyens choisis est l’attaque en règle contre la juge grâce à une enquête préliminaire, tout en proposant – très tardivement – le dépaysement de l’affaire, comme le veut aujourd’hui le procureur général de Versailles. Enfumage ou écran de fumée ? Pour le pouvoir en place, en fait, le principal est de gagner du temps. A l’évidence, depuis le début de l’affaire, une telle instrumentalisation de la justice va à l’encontre de la sauvegarde de l’état de droit et du respect de la séparation des pouvoirs qu’exige pourtant comme un principe essentiel notre Constitution.

Aujourd’hui, devant un tel gâchis, que faire ? Tout simplement agir avec un bon sens et respecter la loi en cessant de violer celle, toute récente, par exemple, du 4 janvier 2010 garantissant le secret des sources des journalistes et en recréant, après tant de soubresauts, enfin les conditions d’une indispensable sérénité, comme l’avait déjà conseillé avec lucidité et courage le procureur général près la Cour de Cassation, Jean-Louis Nadal. En fonction du microclimat si extravagant qui règne au tribunal de Nanterre, voilà qui aurait dû être fait depuis des semaines, et même des mois, en confiant, au sein d’un autre tribunal et en un autre lieu, tous les aspects de l’affaire à un juge d’instruction indépendant. Rien n’est plus simple, banal et, au fond, presque ordinaire. Mais qu’est-ce qui fait que dans cette affaire au fond, si l’on y songe, presque banale, l’ordinaire semble nécessairement extra-ordinaire au point de devenir, aux yeux du pouvoir, proprement intolérable ?

Lire l’article dans le Figaro à ce sujet

28 octobre 2010