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TERRORISME : "notre commission devra instaurer un climat de confiance"


LIBE / TERR

Retrouvez dans cet article l’interview de Nathalie Griesbeck, présidente de la commission spéciale sur le terrorisme du Parlement européen, publié le 11 octobre dernier dans le bulletin quotidien d’Agence Europe.

 

TERRORISME; « La commission spéciale Terrorisme du PE devra instaurer un climat de confiance avec les États membres », selon sa présidente, Nathalie Griesbeck

Bruxelles, 10/10/2017 (Agence Europe) – La Française Nathalie Griesbeck (ADLE) a été désignée présidente de la commission spéciale ‘Terrorisme’ du Parlement européen le 14 septembre dernier. Ce mercredi 11 octobre, la commission spéciale entamera officiellement ses travaux avec une audition du commissaire européen à l’Union de la sécurité, Sir Julian King. Mme Griesbeck explique à EUROPE ce qu’elle attend de cette commission, entre action sur le terrain et initiatives sur le long terme. (Propos recueillis par Solenn Paulic)   Agence Europe : Ce mercredi, la commission spéciale ‘Terrorisme’ du PE entamera officiellement ses travaux.  Comment va-t-elle travailler en pratique et quels objectifs lui assignez-vous ?

Nathalie Griesbeck : Une des missions de cette commission sera déjà de recenser tous les outils existants en matière de lutte contre le terrorisme, européens, mais aussi, je le souhaiterais à titre personnel, au niveau des États membres. Pour ne parler que de la France, mon pays, 11 lois antiterroristes sont passées en quelques années. Cela a permis de déjouer des attentats, d’améliorer le repérage, mais on voit bien que c’est à nous d’aller aussi vite que les terroristes. Il faut aussi répondre à une menace beaucoup plus diffuse, avec des signaux faibles et pas forcément des signes visibles de radicalisation. Cette commission a une durée de vie limitée, un an, et je ne veux pas préjuger de ce que recommanderont les deux corapporteurs, Monika Hohlmeier (PPE, allemande) et Helga Stevens (CRE, belge), mais il faudra établir des priorités dans nos travaux entre la nature des menaces, les questions de financement, l’information et la prise en compte des traumatismes des victimes, la peur des citoyens, le blocage des sites litigieux, la surveillance des combattants étrangers ou le partage d’informations. Nous ne pourrons pas tout aborder, il faudra donc orienter les priorités et, pour moi, cela porte sur la question de la transmission des informations, le blocage des sites et le recensement de tous les outils pour voir où sont les ‘trous’ dans la coopération. Nous avons prévu déjà d’aller à Europol, puis dans des postes-frontières.

AE : Vous attendez-vous à des blocages de la part des États membres ?

NG : Il faudra éviter plusieurs écueils : d’abord, une certaine réserve de leur part. Il faut instaurer un climat de confiance, car ils se disent parfois qu’il y a l’Europe d’un côté et eux, de l’autre. Le second écueil est que justement la lutte contre le terrorisme n’est pas une compétence de l’UE. Je voudrais aussi que l’on évite de superposer terrorisme et migration, que l’on ne simplifie pas les choses. Il faudra faire aussi attention à trouver le bon équilibre, notamment pour protéger les droits des citoyens. On voit parfois que, face à la menace, les gens sont prêts à abandonner leurs droits fondamentaux.

AE La commission spéciale recommandera-t-elle la création de nouvelles agences européennes ?

NG Quand nous allons dans les rues, nous rencontrons souvent des gens qui sont étonnés qu’il n’y ait pas encore une instance pour appréhender le phénomène terroriste sous un prisme européen. Les gens sont étonnés qu’il n’y ait pas de responsabilité européenne dans ce domaine. À titre personnel, je pense sur le plus long terme qu’il faudrait en effet aller vers une agence européenne. Mais il y a des appréhensions. À plus court terme, je vois les choses ainsi : la transmission d’informations, l’interopérabilité et, sur le plus long terme, une sorte d’agence européenne avec une doctrine commune en la matière. Car nous avons beaucoup d’outils, mais pas encore cette doctrine commune.

11 octobre 2017