Chaque mois, Nathalie Griesbeck invite, dans sa lettre d’information, un autre député européen à s’exprimer au sujet de l’un des rapports de la session plénière ou d’un sujet d’actualité clef. Ce mois-ci, Françoise Grossetête, députée française de la circonscription Sud-Est, rapporteure sur le projet de programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense présente sa vision d’une défense européenne innovante, sujet important pour Nathalie Griesbeck, colonel de réserve de l’armée de l’air. Explications et interview en vidéo dans cet article.
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Mardi 3 juillet, au cours de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg, les députés européens ont adopté en grande majorité le rapport de Françoise Grossetête, députée française du Parti Populaire Européen (PPE) et membre de la Commission de l’Industrie, de la Recherche et de l’Énergie (ITRE). Ce rapport vient encourager la mise en place d’un programme communautaire européen pour encourager l’innovation en matière de défense.
Ce Programme Européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDPIP), doté de 500 millions d’euros pour la période 2019-2020, est une innovation : seront cofinancés par ce programme des projets collaboratifs, mis en œuvre par au moins trois entreprises, dans trois États membres différents. Le cofinancement est donc une incitation pour ces entreprises à avoir une politique de Recherche et Développement à la fois ambitieuse et ouverte sur l’Europe. Ce programme devrait être parachevé par l’établissement, pour la période 2021-2027, d’un véritable « Fonds européen de Défense » (13 milliards d’euros).
Cette démarche est innovante, non seulement parce qu’elle est inédite, mais également parce que les projets visés par ce programme sont des produits et technologies de pointe : cybersécurité, systèmes pilotés à distance, spatial, communications satellitaires,… Le développement conjoint de ces outils renforce donc les capacités sécuritaires de nos États, tout en assurant, par le partage de leurs expertises, le développement d’une indépendance stratégique de l’Union européenne.
L’idée d’une mise en commun des capacités de défense européennes n’est pas nouvelle, mais les réticences des États membres à partager cette compétence régalienne ont longtemps bloqué des avancées majeures dans ce domaine. Toutefois, le sujet d’une défense européenne intégrée a été remis à l’agenda récemment, lorsqu’en décembre 2017 a été décidée, par 25 États membres (dont la France) la mise en place de la Coopération Structurée Permanente (CSP) en matière de défense : il s’agit d’une initiative visant à ce que ces pays prennent des engagements plus contraignants et réciproques vers un développement conjoint de leurs capacités.
Le Programme EDPIP s’inscrit tout à fait dans ce contexte de mise en commun de nos capacités de défense, afin de nous renforcer en identifiant nos lacunes, rationalisant nos coûts, et en développant des infrastructures communes. Les risques sécuritaires nouveaux auxquels fait face notre continent (terrorisme, guerre hybride, cybermenaces, …) nécessitent de la part de l’Union une réponse forte, coordonnée et cohérente. Nous devons nous montrer forts afin d’assurer notre place sur l’échiquier géopolitique mondial, aux côtés des géants américain, russe ou chinois !
Pour aller plus loin :
Articles précédents à ce sujet :
3 juillet 2018
