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Divorces binationaux : un long combat

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Circonscription Est / Mon action

A la veille du Sommet franco-allemand qui se tiendra à Metz en présence de François Hollande et Angela Merkel, Nathalie Griesbeck a été interviewée par le journaliste Kevin Grethen du Républicain Lorrain sur la question des droits des enfants binationaux et le Jugendamt, en charge de l’aide sociale, de la protection de la jeunesse et de l’assistance aux familles dans les pays germaniques. Nathalie Griesbeck s’est déjà mobilisée à de nombreuses reprises pour dénoncer les abus de cette administration allemande. Elle avait notamment évoqué le sujet avec la Vice-présidente de la Commission européenne Viviane Reding à de nombreuses reprises.

Voici l’article du Républicain Lorrain :

La loi allemande prive le père de ses filles

Au départ, il y avait de l’amour. Plus tard, des jumelles. Aujourd’hui, le papa, installé à Metz, se débat pour voir ses filles, bloquées sur le sol allemand au mépris des lois internationales. Une histoire parmi d’autres…

S’il pouvait poser une question demain à François Hollande, lors du sommet franco-allemand, elle serait celle-ci : « Pourquoi la France n’offre pas assistance aux parents français privés de leurs enfants par l’Allemagne ? » A Angela Merkel, la chancelière, il demanderait simplement : « Pourquoi ? »

Christian Joly, Messin de 46 ans, est un de ces parents broyés par la rigidité d’outre-Rhin en matière de droit de la famille. Qui le prive de ses deux filles nées en 2009.

Au début de cette histoire, il y avait beaucoup de bonheur. Le couple franco-allemand vivait en France et avait des projets. En 2010, la rupture est ressentie brutalement. Les voyages de plus en plus réguliers de la mère en Allemagne inquiètent le père. Il découvre, terrifié, les habitudes du service d’aide sociale à l’enfance (lJugendamt). « Mon avocate connaissait la problématique des couples binationaux et de la garde des enfants. » L’idéologie se résume ainsi : ce système protège celui des deux parents qui est en mesure de garantir qu’il restera en Allemagne et s’assure que l’enfant ne quittera pas le territoire allemand.

« Si je me bats encore, c’est pour elles »

« Très inquiet, j’ai saisi un juge des affaires familiales de Metz pour faire respecter mes droits et surtout ceux de mes filles. Des conventions internationales existent et protègent les enfants, en précisant qu’ils doivent voir leurs deux parents. » Mais la justice française n’a toujours pas tranché que la mère a déménagé de l’autre côté de la frontière.

En 2011, Christian Joly obtient un droit de garde limité. Il doit voir les jumelles tous les quinze jours, selon la justice française. « Ce n’est pas respecté. » Et la justice allemande est sourde aux décisions judiciaires étrangères. « J’ai vu mes filles vingt jours en 2013, quinze l’an dernier. Trois jours en 2016. J’essaye de les appeler mais la mère fait obstruction. » Peu à peu, elle balaye l’image du père. « Les filles n’apprennent même plus le français à l’école. »

Le papa a porté plainte trente fois en France pour enlèvement d’enfants. « J’ai été entendu une fois et ça a été classé… »

La maman et les filles vivent pourtant à la frontière, pas loin de Carling. « Tout est organisé pour que cela se passe bien. Mais rien ne se passe. En attendant, elles ont sept ans et ne voient pas leur père. Je ne suis pas seul dans ce combat et c’est toujours pareil. » Le rouleau compresseur allemand ne fait aucun compromis.

« Lorsque je me suis rendu au Jugendamt pour défendre mes droits de garde, on a balayé mes arguments et les décisions de justice en ma faveur. J’ai alors menacé de ne plus payer la pension alimentaire : la femme en face de moi m’a simplement répondu que dans ce cas, ils sauront me retrouver. Mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ? »

Parfois rattrapé par la lassitude, le Messin « se bat toujours aujourd’hui, pour montrer plus tard à mes filles que si elles ont été privées de leur père, ce n’est pas un choix de ma part. Ça me crève le cœur de voir ce qui se passe dans une indifférence quasi généralisée. Pourquoi personne ne fait rien face à l’Allemagne qui ne respecte pas les lois internationales ? » Une autre question à poser demain…

Kevin GRETHEN.

N. Griesbeck : « C’est choquant »

Elle est députée européenne depuis douze ans et accompagne « depuis seize ans des problématiques de garde de couples binationaux ». « Avec des réussites très contrastées », soupire Nathalie Griesbeck. « Les traités et directives internationales ne peuvent pas forcer le Jugendamt à changer de politique parce qu’il ne s’agit pas d’une juridiction mais d’un service administratif ». Voilà pour la forme.

Sur le fond, l’élue messine trouve « particulièrement choquante la position de l’Allemagne en matière de politique familiale. Les Allemands considèrent que ce droit de la famille ne relève que du droit national. Donc, les décisions étrangères n’ont aucune valeur et l’enfant doit rester sur le sol allemand. J’imagine que ce sont des raisons démographiques qui poussent à cette politique. Je le redis, c’est choquant ».

Nathalie Griesbeck a écrit plusieurs fois à Angela Merkel et à sa ministre en charge de la justice. « Je sensibilise également mes collègues eurodéputés sur le sujet. La commission des pétitions a déjà été saisie par des citoyens. Il faudrait que les Etats membres soient d’accord pour changer les choses. Une décision de la Cour européenne des droits de l’homme nous aiderait. Il faut vraiment que ça bouge parce que derrière ces difficultés juridiques, il y a des drames humains. J’ai été saisie par des parents meurtris de ne pas voir leurs enfants ».

 

Retrouvez le lien vers l’article du Républicain Lorrain au lien suivant : http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-ville/2016/04/06/la-loi-allemande-prive-le-pere-de-ses-filles

Retrouvez les actions de Nathalie Griesbeck sur ce sujet ci-dessous:

https://www.nathalie-griesbeck.fr/2011/11/jugendamt-interpeller-et-reinterpeller/

https://www.nathalie-griesbeck.fr/2011/11/leurope-a-le-devoir-de-proteger-nos-enfants/

https://www.nathalie-griesbeck.fr/2011/11/jugendamt-enfants-voles/

 

 

6 avril 2016