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Lettre ouverte sur la crise financière


France

En ma qualité de députée européenne Grand Est, je suis consciente du rôle essentiel que doit jouer l’Union européenne dans la construction d’un nouveau système financier international. Face à la crise financière, économique et sociale à laquelle nous nous trouvons confrontés, nous avons besoin que l’Europe existe car, au-delà de tous les antagonismes nationaux, nous ne pouvons répondre à certaines problématiques que de manière unie et solidaire, par des décisions réelles, rapides et coordonnées.

Des réponses européennes de qualité se révèlent nécessaires dans la mesure où elles influent sur l’ensemble de l’économie mondiale. Je salue ainsi la réponse que l’Union européenne a pu apporter aux enjeux financiers de la crise, par la caution de l’Etat auprès des banques ainsi que la création de fonds de pension, que j’avais par ailleurs déjà appelée de mes vœux pour répondre aux OPA agressives contre les grands groupes européens, notamment lors du rachat d’Arcelor par Mittal en 2005-2006.

J’espère que les mesures prises permettront un maintien des crédits aux grands groupes comme aux petites et moyennes entreprises, sachant que les milliards donnés sous forme de garanties bancaires doivent aussi inciter les banques et les entreprises, principaux acteurs de l’économie de l’Union européenne, à honorer leur engagement pris vis-à-vis de la société.

Au demeurant, je tiens à vous faire part du soutien que j’apporte à la déclaration écrite sur « l’utilisation des euro-obligations au titre d’une nouvelle stratégie pour soutenir la croissance ». Alors que le crédit destiné à des investissements européens essentiels s’épuise, je salue l’initiative d’avoir recours aux euro-obligations en tant que source de financement destinée à compléter la structure financière du budget national des Etats membres. Les euro-obligations permettraient en effet de financer des grands projets européens prioritaires comme les énergies renouvelables, les infrastructures de communication à haut débit ou les réseaux transeuropéens de transport et d’énergie (RTE-T et RTE-E).

Il est temps pour l’économie européenne de retrouver des bases saines. L’économie virtuelle qui repose sur des produits bancaires par nature instables, ainsi que sur des échanges de valeurs sans lien avec l’échange de produits réels, a trop longtemps prévalu sur la réalité et il est vital de repenser dès maintenant notre modèle économique. Nous devons nous efforcer de contrecarrer la désorganisation de l’économie réelle en redéfinissant en profondeur la réglementation sur le crédit et les marchés financiers et en comblant les lacunes législatives, de manière à éliminer les détournements et spéculations qui ont mené à cette situation de crise.

Je salue ainsi l’impulsion donnée par le couple franco-allemand pour la mise en place d’un plan de relance européen dans le but de rétablir la confiance des consommateurs et des investisseurs et de proposer une contribution européenne unie à l’appel du sommet de Washington. Malgré tout, le couple franco-allemand estime qu’il n’existe pas un modèle unique de plan de relance qui puisse être appliqué par 27 Etats membres du fait de leurs situations économiques et budgétaires très différentes, précisant ainsi que l’Union européenne doit « venir en complément des actions décidées dans chaque pays » par une relance budgétaire coordonnée qui permettrait d’éviter les comportements opportunistes au sein de l’Union.

Or, à mon sens, nous devons aller au-delà d’une simple approche coordonnée de la relance économique en visant l’intégration des politiques économiques, à savoir des mesures « communes » qui ne soient pas uniquement « coordonnées », et en faisant participer tous les Etats à la relance en fonction de leur marge de manœuvre budgétaire. C’est notamment pour cela que je soutiens vivement la volonté de modification des traités afin d’avoir recours à un vote à la majorité au sein du Conseil, ce qui faciliterait la prise de décision et éviterait tout risque de dumping économique et social au sein de l’Union européenne.

Enfin, parmi les mesures proposées par la Commission européenne figure la suspension du pacte de stabilité et de croissance jusqu’en 2012, à savoir la possibilité pour chaque Etat de faire jouer ses stabilisateurs automatiques pour lutter contre la crise (mesure d’assouplissement déjà prévue par le Pacte en cas de circonstances exceptionnelles). En effet, pour les Etats membres, l’unique solution pour réguler la croissance est la politique budgétaire. Or, une politique budgétaire expansionniste en vue du plein emploi engendre inéluctablement un déficit supplémentaire et mène ainsi à un non-respect des engagements du Pacte de stabilité.

Par conséquent, l’obligation pour la France de respecter les deux engagements clés du Pacte, celui de revenir à l’équilibre des finances publiques à l’horizon 2010-2012 et celui d’un déficit qui ne dépasse pas 3% du PIB, serait une fois encore reportée. Or justement, d’une part il ne faut pas se servir de la crise comme d’un échappatoire et, d’autre part, le plan de relance ne doit pas masquer les déficits nationaux préexistants derrière le nouveau déficit créé par les besoins de la relance économique. Depuis plusieurs années, le non-respect du critère du déficit apparaît comme un défaut de la gestion française, mais aujourd’hui utiliser la crise pour justifier les déficits français serait un acte politique inacceptable.

Soyez certains de mon engagement à soutenir les réponses concrètes apportées par l’Europe aux différentes problématiques auxquelles nous nous trouvons confrontés. Il nous faut effectivement trouver les moyens de relancer notre économie, mais il est essentiel pour les générations futures que nous maîtrisions le niveau de notre déficit public.

Télécharger la déclaration écrite

4 décembre 2008