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« L’auvergnat » et la justice


France

Communiqué de presse : Décidément, monsieur Brice Hortefeux a l’art de la formule… malheureuse. On se souvient de son affirmation détestable aux relents incontestablement xénophobes, unanimement condamnée, dont le ministre de l’Intérieur avait tenté de proposer a posteriori, en essayant – contre toute vraisemblance – de se rattraper désespérément aux (très) basses branches : une pseudo-interprétation, selon laquelle il aurait en l’occurrence plaisanté en visant… les Auvergnats ! Il vient de se laisser volontairement aller à une récidive d’une particulière gravité par ses toutes récentes déclarations mettant en cause les condamnations fermes prononcées par le Tribunal correctionnel de Bobigny à l’encontre de policiers déclarés coupables de témoignages mensongers à l’égard d’un innocent mis, lui, entièrement ors de cause.

Les faits qui ont valu à ces fonctionnaires de police les condamnations condamnées par le ministre de l’Intérieur sont graves, mais plus graves encore, au regard des principes fondamentaux du Droit et de notre Constitution, les critiques du ministre de l’Intérieur à l’égard de la décision de Justice qu’elles visent. Car elles constituent de toute évidence une violation caractérisée du principe constitutionnel essentiel qu’est la séparation des pouvoirs.

Si désormais un ministre de l’Intérieur se croit en droit de critiquer les décisions de Justice et de juger les Juges, sans que cette violation caractérisée n’entraîne nécessairement sa démission spontanée ou, à défaut, une sanction à son encontre de la part du président de la République, garant de l’indépendance de la Justice et du respect des principes constitutionnels, comme le veut notre Constitution, alors l’Etat de Droit se trouve remis en cause dans notre pays. Michel Mercier, l’actuel Garde des Sceaux, rejoint et approuvé en cela aujourd’hui par l’un de ses prédécesseurs, Robert Badinter – qui fut aussi président du Conseil Constitutionnel -, a eu tout à fait raison de rappeler (je cite) que monsieur Hortefeux n’est pas ministre de la Justice. Le mieux serait que, très rapidement, il ne soit plus non plus ministre de l’Intérieur !

C’est, aujourd’hui, de son seul fait, ce qu’exige le respect de l’Etat de Droit en France. Car au fond, tout est très simple : si l’on veut que, dans notre pays, les règles soient respectées et aient véritablement de l’autorité, il faut en premier lieu que les autorités elles-mêmes commencent par respecter les règles.

13 décembre 2010