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20ème session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE à Kinshasa


Mon action

Nathalie Griesbeck participait, la semaine dernière, aux deux jours de travaux de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE (Afrique-Caraïbes-Pacifique / Union Européenne) au Palais du Peuple de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo.

Petit rappel : L’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE réunit deux fois par an des députés européens et des députés des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (en nombre égal) et assure le contrôle parlementaire de la politique européenne de développement. C’est la seule assemblée internationale dans laquelle les représentants des différents pays siègent ensemble, régulièrement avec pour objectif la promotion de l’interdépendance Nord-Sud. L’Assemblée parlementaire paritaire consacre une partie importante de ses travaux à la promotion des droits de l’homme et de la démocratie et aux valeurs communes à l’humanité qui ont fait l’objet d’engagements communs dans le cadre des conférences des Nations Unies.

Jour 1 :

Ouverture officielle de l’Assemblée parlementaire paritaire (APP) ACP/UE : nous avons assisté aux discours d’ouverture de Louis Michel (co-président de l’APP, qui siège à mes côtés au sein de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE) au Parlement Européen), de David Matongo (co-président de l’APP, coté ACP, Zambie) et de Joseph Kabila, président de la République Démocratique du Congo, fils de Laurent Désiré Kabila.

Monsieur Jacquemot, ambassadeur de France en RDC. Derrière lui, en portrait, l'un de ses prédécesseurs, Philippe Bernard, assassiné pendant la guerre

Fin de matinée, rencontre avec l’ambassadeur de France en RDC : Monsieur Pierre Jacquemot. Ensemble nous avons discuté de la francophonie, de la correcte évaluation des fonds français et européens sur le territoire africain et plus particulièrement en RDC et des viols et violences subies par les femmes en RDC.


20ème session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE à Kinshasa
Retour au Palais du Peuple de Kinshasa en début d’après midi. L’assemblée parlementaire paritaire se poursuit avec une allocution de Monsieur Andris Piebalgs, commissaire européen en charge du développement, un débat sur le Fonds Européen de développement, un débat sur la liberté des médias et finalement un débat sur la situation en République Démocratique du Congo.

Fin d’après midi : Visite d’un centre hospitalier, le « centre hospitalier Saint Gabriel », dans la commune de Lemba à Kinshasa, une visite incomparable et humainement enrichissante. Ce centre accueille de nombreuses femmes enceintes et de nombreuses personnes pour le dépistage du sida, sans véritables moyens, ni matériel (outre un scanner datant de 1940!!). Nous allons essayer avec mon collègue Jo Leinen (S&D, Allemagne) d’organiser une coopération pour envoyer des médicaments et du petit matériel médical à ce centre. Après le centre hospitalier St Gabriel, nous nous sommes rendus dans un tout petit centre médical qui accueille les enfants du quartier qui se font vacciner contre la polio…

20ème session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE à Kinshasa

20ème session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE à Kinshasa

Jour 2 :

La 20ème session de l’assemblée parlementaire paritaire se poursuit : à l’ordre du jour un débat d’urgence sur la sécurité alimentaire et un débat sur la situation particulière de certains pays d’Afrique.
Je suis intervenue sur la dramatique situation actuelle à Madagascar. Pour rappel, 70% de la population vit actuellement en dessous du seuil de pauvreté. Par ailleurs, le pays est en crise politique majeure depuis 2009 où Andry Rajoelina, a pris la tête d’un mouvement de protestation populaire qui a chassé du pouvoir et du pays, l’ancien président Marc Ravalomanana. Les tentatives de médiation internationale ont depuis échoué. Le 17 novembre dernier, un référendum sur le projet de constitution de la 4ème république, convoqué par Rajoelina, non reconnu par la communauté internationale et boycotté par l’opposition, a eu lieu. Ce même jour une tentative de coup d’Etat militaire a eu lieu.

Retrouvez ci- dessous mon intervention devant l’APP :

Messieurs les co-présidents,

Chers collègues,

Au delà de cette crise politique, le plus grave et c’est ce qui est souvent le cas dans ce genre de conflits, c’est que les répercussions se font sentir directement et gravement sur les habitants. La situation n’a jamais été aussi dure pour des familles confrontées à la précarité et à la misère grandissante. La dégradation des conditions de vie est de fait sans équivoque. Le nombre de chômeurs augmente chaque jour, il en est de même pour le nombre d’enfants déscolarisés.

Nous constatons des violations généralisées des droits humains, harcèlements, arrestations arbitraires de parlementaires, de religieux, de membres de la société civile, pillages des églises, intimidations de la presse… et la liste n’en finit point. Et je souhaite exprimer aujourd’hui ma vive inquiétude à l’égard de la situation des droits politiques et civiques sur l’île Malgache. Les mesures récemment prises par le régime de la Haute Autorité de Transition (HAT), portent dramatiquement atteinte au droit à la liberté de rassemblement, à la liberté d’association, à la liberté d’expression et la liberté de presse. Soit une situation dramatique, à tous les niveaux, à laquelle il est nécessaire d’apporter un point final.
Alors je crois qu’il faut lancer un appel pressant à toutes celles et tous ceux qui ont le devoir, la capacité ou simplement la possibilité d’agir, maintenant, pour que les choses prennent un tour différent. Il faut arrêter de tergiverser et agir pour la sortie de crise. Car il n’est de l’intérêt de personne, ni à Madagascar, ni ailleurs, que cette crise perdure. Il faut réfléchir aux actions concrètes qu’il faut mener pour qu’on avance ensemble vers une solution finale de la crise et vers des élections organisées conjointement et de manière transparente. Des sanctions ont déjà été prises par l’Union Européenne, par l’Union Africaine…. mais il faut continuer pour que le gouvernement de transition prenne les mesures nécessaires pour qu’un vrai dialogue politique soit mis en place afin d’instaurer une transition inclusive et juste et un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

20ème session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE à Kinshasa  Après midi : La session de l’Assemblée parlementaire paritaire se termine par les votes. Trois rapports co-rédigés par des députés européens et des députés ACP ont été adoptés. Un premier rapport sur la « Liberté et indépendance des médias » où les députés condamnent fermement la détérioration des conditions d’exercice du métier de journaliste, allant du harcèlement à l’assassinat pur et simple. Un deuxième rapport « Réaliser les OMD : des réponses innovantes pour relever le défis sociaux et économiques » déplore que les dépenses consacrées par l’UE aux objectifs du millénaire (OMD) sont actuellement inférieures de 20 milliards d’euros par rapport aux engagements pris au niveau international pour réduire l’extrême pauvreté et contribuer à atteindre les huit objectifs de lutte contre fixés en l’an 2000. Un troisième rapport sur « L’après Copenhague : transfert de technologies, nouvelles technologies et renforcement des capacités techniques dans les pays ACP » demande aux négociateurs présents à Cancun de prendre des engagements pour développer et assurer le transfert de technologies à faibles émissions de carbone vers les pays les plus vulnérables en matière de changement climatique. Par ailleurs, deux résolutions d’urgence, l’une sur le problème de la sécurité dans la région saharo – sahélienne, l’autre sur la sécurité alimentaire ont été adoptées.

Enfin les membres de l’Assemblée parlementaire ont également adopté une déclaration sur les élections en Côte d’Ivoire.

L’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,

Réunie à Kinshasa (République démocratique du Congo) du 2 au 4 décembre 2010,

vu les dispositions du code électoral de Côte d’Ivoire ;
vu le Code de bonne conduite des partis politiques, des groupements, forces politiques et des candidats aux élections en Côte d’Ivoire ;
Considérant le risque que tout dérapage dans le processus électoral pourrait entraîner pour l’équilibre politique et social difficilement acquis en Côte d’Ivoire et pour la stabilité dans l’ensemble de la sous-région ;
Considérant les conclusions préliminaires des missions d’observation électorale de plusieurs organisations internationales, notamment l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union européenne, qui ont jugé que le deuxième tour de l’élection présidentielle s’est déroulé d’une façon libre et démocratique ;
Déplore les violences qui ont éclaté à certains endroits du pays dans l’attente de la proclamation des résultats provisoires et qui ont fait plusieurs morts ;
Regrette que des entraves dans le fonctionnement de la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire aient empêché cette dernière de proclamer les résultats provisoires du deuxième tour de l’élection présidentielle dans le délai prescrit par le code électoral ;
Exhorte toutes les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue après la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire et à recourir aux voies légales pour toute réclamation ;
Rappelle au Conseil constitutionnel que toute décision doit être prise en toute objectivité avec un sens élevé du devoir et de la responsabilité à l’égard de la nation ivoirienne.
Condamne la décision du Conseil constitutionnel d’invalider les résultats provisoires publiés par la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire,sans avoir suivi au préalable la procédure prévue par le code électoral ;
Refuse de reconnaître les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, qu’elle considère comme contraire à la volonté exprimée par le peuple ivoirien par la voie des urnes ;

La 21° session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE se déroulera à Budapest (Hongrie) du 16 au 18 mai 2011.


13 décembre 2010