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« Dimanche, j’ai voté blanc »


Circonscription Est

Nathalie Griesbeck a répondu aux questions de gazette-info.fr. La députée européenne du Grand Est (ADLE-MoDem) a voté blanc dimanche lors du second tour de l’élection présidentielle. Elle revient également sur la campagne de François Bayrou et le score du candidat centriste.

GazetteINFO.fr : Comment expliquez-vous, avec le recul, le score très décevant de François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle ?

Nathalie GRIESBECK : C’est effectivement un résultant très décevant. François Bayrou a pourtant lancé le débat sur des vrais thèmes tout au long de cette campagne, tels que la production, la dette, ou encore la moralisation de la vie publique, c’est d’ailleurs lui qui a souvent imposé ces thèmes dans la campagne ; il a dit la vérité sur la situation de notre pays, sur la crise, la dette, le déficit ; mais il a malheureusement eu du mal à se faire entendre. Cet échec tient également à la bipolarisation extrêmement forte de la vie politique française qui rend très difficile une candidature (et une victoire) à l’élection présidentielle quand elle n’est pas celle d’un des deux principaux partis. Cette campagne, et ce qui est en ressorti dans les principaux médias, a principalement porté sur les disputes politiciennes et affrontements permanents entre les deux principaux candidats, comme si l’on oubliait qu’il y avait un premier tour à l’élection présidentielle, puis sur la montée des deux principaux candidats des extrêmes. Dans ce contexte, je crois que François Bayrou a eu du mal à être audible et visible, et ce, malgré la pertinence de son analyse de la situation de la France et celle de son programme.

A-t-il raté sa campagne ?

 

Si l’on regarde brutalement les résultats du scrutin du premier tour de l’élection présidentielle, oui. Mais la réalité est beaucoup plus nuancée : nous avons fait une campagne honnête, sur des thèmes, des enjeux que nous considérons fondamentaux pour la France, tels que la dette, la crise, la production, l’éducation, la moralisation de la vie publique, qui n’ont malheureusement pas été audibles ou aussi porteurs que d’autres thèmes tape-à-l’œil utilisés par d’autres candidats.

Qu’avez-vous pensé du ralliement de Corinne Lepage et d’autres ex partenaires du MoDem avant le premier tour à François Hollande ?

 

Madame Lepage a l’habitude de prendre la poudre d’escampette et de changer de cap, à chaque difficulté et selon les opportunités, c’est assez coutumier donc. Pour les autres, chacun est libre. Personnellement, j’ai souhaité utiliser pleinement les quinze jours de l’entre-deux-tours pour observer, écouter les débats et déterminer mon choix pour le second tour de cette élection présidentielle.

« Le score du FN est plus subtil qu’il n’y paraît »

Comment interprétez-vous le score du Front national ? Le considérez-vous seulement comme un vote de colère ?

 

Non. Le score du Front national est beaucoup plus subtil qu’il n’y paraît à première vue. Il y a certes beaucoup d’exaspération et de colère de la part des Français, qui en ont assez de la politique française, des manœuvres politiciennes, des personnes qui nous gouvernent actuellement, des mensonges politiques, etc. mais surtout de la situation difficile dans laquelle notre pays se trouve aujourd’hui. Mais il y a aussi un vote d’adhésion aux thèses nationalistes, racistes, haineuses du Front national, à l’heure où notre pays traverse une crise morale, une crise des valeurs sans précédent.

Comment avez-vous jugé la campagne du deuxième tour ?

 Intéressante mais fluctuante. Cette campagne de l’entre-deux-tours est assez fidèle à ce qu’a été la campagne jusqu’à présent : avec un candidat de droite allant chercher les voix de l’extrême droite et un candidat de gauche restant sur ses positions. Cette campagne de l’entre-deux-tours est également révélatrice de certains calculs politiciens. Quand on entend Gérard Longuet, ancien du mouvement Occident, dire qu’il faut parler, négocier avec les dirigeants du Front national, on voit le vrai visage de certains amis du président sortant et j’ai le sentiment que la droite n’est plus républicaine aujourd’hui.

Pour qui avez-vous voté dimanche ?

 Si ce que François Hollande propose sur l’Europe et sur la croissance me plaît, je regrette qu’il n’ait pas inscrit la règle d’or dans son projet. Et comme le candidat sortant Sarkozy ne correspond pas aux valeurs que je porte dans mon action d’élue, j’ai voté blanc. Et je confirme par ce vote la reconnaissance que nous demandons de cette expression.

Quelle première mesure attendez-vous du président élu ?

La moralisation de la vie publique. C’est une nécessité. Il faut restaurer l’indépendance de la justice, l’indépendance des médias et la liberté de la presse, encadrer davantage le financement des partis politiques, prévenir les conflits d’intérêts et mettre fin aux pratiques abusives du pouvoir, limiter davantage le cumul des mandats etc. Le fonctionnement de nos institutions doit obéir aux principes de la séparation des pouvoirs, de légalité et de l’État de droit.

8 mai 2012