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Ayons l'ambition de penser globalement le vieillissement de la société


Circonscription Est

Découvrez mon article dans le dossier « Retraites » de la Revue Politique du Trombinoscope de Février 2013 // « Nous le savons : en 50 ans, nous allons passer de 4 actifs pour 1 retraité à 2 pour 1. C’est un véritable défi pour nos systèmes de retraite dont les rouages ont été pensés il y a plus de 60 ans, dans un contexte de forte croissance économique et de dynamisme démographique. Dans la majeure partie de l’Europe, ces tendances sont à l’origine d’un déséquilibre qui sera de plus en plus difficile à résorber…

 En France, les consultations en vue de la prochaine réforme des retraites devraient commencer d’ici quelques mois… la dernière grande réforme n’a que trois ans! Il va très vite s’avérer indispensable d’ouvrir le plus largement possible les discussions et d’oser innover. Il me parait impossible de continuer à réformer régulièrement, des décennies durant, sur la base du paradigme que l’on connait depuis les années 1990, basé sur les trois variables que sont l’âge de départ à la retraite et la durée de cotisation, le montant des pensions et le niveau des cotisations. Nous devons identifier les principes que nous tenons à préserver et à promouvoir, puis trouver des solutions durables et adaptables. Cette réflexion doit faire l’objet d’un dialogue social exemplaire et véritablement ouvert sur la société, car il engage l’avenir et le quotidien de tous les citoyens.

 Je crois que nous devons notamment veiller à préserver notre système par répartition, lutter contre les inégalités de genre, assurer à tous les retraités un niveau de vie décent et lutter contre les licenciements abusifs des séniors. Il me parait également indispensable de prévoir des instruments de justice et d’équilibre pour les métiers pénibles et les carrières longues. Les priorités identifiées, il nous faut avoir l’ambition de penser de nouveaux systèmes adaptés aux enjeux actuels et aux évolutions du monde professionnel. François Bayrou avait évoqué lors de la campagne présidentielle les avantages d’une retraite à points. C’est une possibilité parmi d’autres qui reste pertinente et qui mérite d’être approfondie. L’important à mes yeux est d’en discuter ensemble et de manière ouverte.

 Au-delà, je crois qu’il est nécessaire de mener une réflexion profonde sur les cycles de vie. Notre société vieillit et notre espérance de vie personnelle s’allonge. Des défis et des opportunités émergent : une vie plus étendue permet d’envisager de plus longues périodes d’activités (professionnelles ou non) ; nous devons par ailleurs nous engager dans une nécessaire évolution de nos systèmes de santé ainsi que dans une prise en charge solidaire de la dépendance. Les travaux menés lors de l’Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité entre les générations, en 2012, ont très bien montré que les effets du vieillissement de la société dépassent très largement les aspects comptables relatifs à nos systèmes de retraite.

 Dans ces débats, la diversité de l’Europe est une véritable richesse. Nos différents systèmes sont autant d’expériences qui peuvent nourrir nos discussions nationales. En février 2011, le Parlement européen a adopté la résolution « Vers des systèmes de retraite adéquats, viables et sûrs en Europe ». Je me suis abstenue sur ce texte, en raison notamment de la remise en cause du système par répartition. J’ai néanmoins pu constater que ce défi concerne tous les Européens et que les nations ont tout intérêt à mener une réflexion ouverte, globale et ambitieuse. N’ayons pas une vision étroite de cette problématique : il ne s’agit pas seulement de rétablir l’équilibre de comptes sociaux, mais bien de préparer la société de demain.

 Par Nathalie Griesbeck, Députée européenne du Grand Est, Vice-Présidente du Conseil Général de la Moselle.

5 mars 2013