Nathalie Griesbeck écrit à Madame Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
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Strasbourg, le 30 avril 2015
Madame la Ministre,
Je vous remercie pour la rapidité de votre réponse. Je souhaite toutefois vous renouveler mes inquiétudes quant à l’avenir de l’apprentissage de l’allemand en France.
Si je partage votre conviction selon laquelle l’Ecole de la République doit mettre de manière urgente l’accent sur l’amélioration des compétences linguistiques des élèves français, bien souvent comparés en leur défaveur à leurs voisins européens, je n’en déplore pas moins la méthode et les moyens annoncés par votre ministère pour relever ce défi.
La réforme que vous proposez envoie différents signaux tout à fait regrettables.
Son ambition de démocratiser l’apprentissage des langues étrangères risque au contraire d’entraîner l’effet pervers du nivellement par le bas. J’entends par là que j’accueille très favorablement les dispositions instaurant le début de l’apprentissage de la première langue vivante en CP et de la deuxième en 5ème mais ne comprends absolument pas la volonté officielle de priver certains élèves de la possibilité de bénéficier de parcours spécifiques tels qu’une section européenne ou une classe bilangue ayant l’anglais pour LV1. Enseignants et parents n’ont d’ailleurs de cesse de souligner ces derniers jours l’opportunité que représentent ces parcours pour des enfants de tous milieux, leviers réels pour actionner l’ascenseur social. Cette suppression risque au contraire de favoriser d’autant plus les élèves issus de milieux aisés qui se tourneront dès lors en priorité vers les établissements privés pourvoyeurs de cursus internationaux.
Enfin, c’est le signal envoyé à l’Allemagne et par là-même à l’Europe – pour laquelle le couple franco-allemand est un véritable symbole – que je trouve tout à fait inquiétant. Vous ayant déjà exposé cet aspect aux côtés de mon collègue Monsieur Jo Leinen, je vous suggèrerais de vous entretenir avec Madame la Chancelière allemande, Angela Merkel.
Restant à votre disposition, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma respectueuse considération.
Nathalie GRIESBECK
Députée Européenne ADLE / France
4 mai 2015
