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« Je milite pour une armée européenne »


Mon action

Colonel de réserve dans l’armée de l’air, Nathalie Griesbeck, eurodéputée du Grand Est a répondu à plusieurs questions quant à sa vision sur l’avenir de la défense européenne.

Vous dites souvent que votre priorité d’action est de recentrer l’Europe sur l’essentiel. Qu’en est-il de la défense ?

La sécurité est essentielle aux yeux des citoyens européens. Les récents événements nous rappellent malheureusement que l’intégrité territoriale n’est pas assurée même sur le continent européen. Aussi, comme Robert Schuman l’affirme dans sa déclaration fondatrice du 9 mai 1950 : « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent ».

Bien sûr, une défense européenne intégrée ne doit pas se faire dans la précipitation, c’est pourquoi il est essentiel de réfléchir à une stratégie qui, véritablement tende vers cet objectif. Tel est précisément l’objet de la feuille de route que propose l’ADLE, mon groupe parlementaire au Parlement européen, et que nous avons choisi d’intituler pour cette raison : « Vers des forces militaires intégrées de l’Union européenne ».

 

Les discussions à propos de la politique européenne de sécurité et de défense ont été reléguées au second plan lors du sommet européen des 25 et 26 juin 2015 qui devait pourtant s’y consacrer,  qu’en pensez-vous ?

Le Conseil européen qui rassemble les 28 chefs d’États et de gouvernement de l’Union européenne autour d’un président désigné pour 5 ans, le polonais Donald Tusk, définit,  lors de sommets biannuels, les grandes orientations et les priorités politiques de l’Union européenne. Certes, les thèmes d’actualités sont de grande importance pour le bon fonctionnement de l’Union à court et moyen terme, mais les stratégies d’avenir doivent rester au cœur de leurs débats.

Seules deux phrases ont été consacrées à la sécurité et la défense dans les conclusions de ce sommet et aucun rendez-vous n’a été pris pour en discuter lors d’un prochain sommet, on est en droit de s’en montrer inquiet et je partage pleinement le commentaire de ma collègue au Parlement européen Marielle de Sarnez lorsqu’elle parle d’un rendez-vous manqué pour la défense européenne.

 

Jean-Claude Juncker, qui préside la Commission, estime que l’image de l’Europe a trop souffert de sa politique étrangère. Le remède serait la constitution d’une armée pour « faire comprendre à la Russie que nous sommes sérieux ».  Partagez-vous ce point de vue ?

Sur ce point, Jean-Claude Juncker a raison de parler des faiblesses de la politique étrangère européenne. L’Europe doit se doter d’une nouvelle dynamique stratégique en matière de politique étrangère. La précédente fut énoncée il y a déjà 12 ans et le monde a bien changé depuis. J’espère que malgré ce qui vient de se produire au Conseil, la Commission va développer une véritable politique européenne de défense qui, pour commencer, permette d’utiliser au mieux et de la manière la plus efficiente tous les instruments qui existent déjà. Ceci, j’en suis convaincue, pourrait être un premier pas vers une Europe de la défense.

Il ne s’agit pas simplement de montrer notre sérieux à la Russie. Une défense intégrée doit en même temps nous permettre de retrouver une certaine indépendance à l’égard de notre principal allié, les États-Unis, parfois porté à se croire omnipotent et à se comporter de manière hégémonique, et dont certaines pratiques, pour le moins contestables, doivent être rapidement et fermement remises et fermement remises en question pour être corrigées voire supprimées. Il s’agit pour l’Union européenne de se faire respecter et contribuer à la paix et à l’équilibre du monde.

 

Alors que les États européens appliquent aujourd’hui des politiques de responsabilité budgétaire, cette nouvelle armée n’induirait-elle pas de nouvelles dépenses ?

La crise financière a effectivement porté un coup souvent sévère à nos finances publiques et a poussé les États membres à réduire drastiquement leurs budgets de défense sans s’accorder. Mon groupe politique propose au contraire une défense européenne coordonnée et intégrée avec à la clef une industrie plus compétitive. Ceci rendrait la politique de défense plus économique et bien plus efficace dans la défense de nos populations, de nos intérêts et des valeurs que nous réunissent et nous unissent.

 

Quelles sont donc selon vous les priorités dans l’institution d’une politique de sécurité et de défense européenne ?

Voici les trois axes majeurs que je défends :

Ces trois propositions permettront à l’Union européenne à la fois de trouver sa voie et de faire entendre sa voix sur la scène internationale afin de défendre au mieux les intérêts et les valeurs de ses 500 millions de citoyens.

2 juillet 2015