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Nos failles dans la lutte contre le terrorisme prouvent que nous n'avons pas tout essayé


LIBE / Mon action / TERR

Voici la tribune publiée par Nathalie Griesbeck, députée européenne, présidente de la nouvelle commission spéciale du Parlement européen sur le terrorisme dans le Huffingtonpost.fr ce vendredi 15 septembre.

Voir l’article du Huffingtonpost

 

Nos failles dans la lutte contre le terrorisme prouvent que nous n’avons pas tout essayé

Aujourd’hui, s’est réunie pour la première fois, la nouvelle commission spéciale du Parlement européen, dédiée à la lutte contre le terrorisme, chargée d’enquêter, à travers l’Europe, sur les difficultés et les défaillances dans ce domaine. Sa création avait été actée en juillet dernier, à la demande de mon groupe parlementaire face à l’évidence de la nécessité d’agir. Cette réunion constitutive marque le début de nos travaux ; une tâche immense s’ouvre devant nous. Nous devons rigoureusement répondre à l’exigence de responsabilité, qui est la nôtre et qui nous a été confiée par les citoyens européens. Comme Présidente, j’œuvrerai à ce que cette commission apporte de vraies réponses et plus encore des recommandations concrètes et applicables pour renforcer notre action européenne dans la lutte anti-terroriste.

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L’ampleur de la menace terroriste – qui cible aujourd’hui nos modes de vie et nos valeurs fondamentales – tout comme son ancrage dans le temps long, sont aujourd’hui incontestables. Ces terroristes ne restent pas immobiles, nous ne devons pas l’être non plus. Nous devons intensifier nos efforts aux niveaux local, national et européen. Car, si les États restent principalement compétents en matière de sécurité intérieure, l’Union européenne peut apporter un soutien très significatif et une valeur ajoutée évidente. Face à ces nouvelles menaces, globales, transnationales et multiformes, la réponse ne doit connaître aucune frontière. Dans ce domaine, plus d’Europe et une Europe plus forte signifient davantage de sécurité pour tous les citoyens européens.

Ainsi, pour la première fois, l’Union européenne se dote, via cette commission spéciale, d’un véritable « forum européen », qui traitera publiquement d’un sujet au cœur des préoccupations de tous les citoyens européens : leur sécurité et la lutte contre le terrorisme.

L’Europe a déjà fait beaucoup, intensifiant particulièrement ses actions depuis la multiplication des évènements terroristes sur le sol européen : en harmonisant les législations en matière de nouvelles infractions terroristes, en durcissant la législation concernant les armes à feu et explosifs, en renforçant notre arsenal pour la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, en rendant obligatoires les contrôles aux frontières externes, en créant de nouvelles bases de données pour surveiller les déplacements de potentiels terroristes (PNR, ETIAS…). Sur le plan financier également, l’Union européenne a fortement accru ses efforts.

Cette dimension européenne doit incontestablement être renforcée. Mon groupe parlementaire se bat depuis des années : pour un échange obligatoire de certaines informations, pour l’extension des  compétences d’Europol afin qu’elle mène ses propres enquêtes, pour la création d’un Parquet européen compétent en matière de grande criminalité organisée transfrontalière et donc de terrorisme, pour la création d’une forme d’unité d’intelligence européenne…. En un mot, pour un vrai saut qualitatif. Ainsi, notre commission enquêtera sur ce qui est nécessaire !

Au-delà, nous devons également réfléchir aux failles existantes. Nous assistons actuellement à l’échec, relatif, de la coopération et de l’échange d’informations. Abdelhamid Abaaoud, « cerveau présumé » des attentats perpétrés à Paris, le 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, était l’un des djihadistes les plus recherchés en Europe. Pourtant il avait pu traverser plusieurs fois l’Europe, sans difficulté, à l’occasion de ses allées et venues vers la Syrie. Plus récemment, Youssef Zaghba, l’un des auteurs des « attentats de Londres », le 3 juin 2017, avait été signalé aux autorités britanniques par les autorités italiennes, alors qu’il tentait de rejoindre la Syrie. Pourtant, cette information précieuse n’a entrainé aucune action…

Si la coopération européenne s’est nettement accrue ces dernières années, il n’en demeure pas moins que la coopération et l’échange d’informations entre États et entre services présentent de nombreuses faiblesses. Les informations sont échangées mais parfois partiellement, ou de manière lacunaire ou encore de façon non uniformisée ; ce qui aboutit à un « patchwork » de données pour les services sur le terrain. Cet échange d’information est justement au cœur du mandat de cette commission parlementaire. C’est l’heure de vérité : le moment n’est toutefois pas à l’inquisition mais à la recherche de failles que nous allons corriger par plus d’Europe et plus de coopération.

Nous avons, à présent, au sein de cette commission spéciale, une équipe de députés déterminés et engagés. Dans les tout prochains jours, nous aurons un calendrier de travail, de réunions, un programme d’auditions, une liste d’invités – comprenant l’éventail complet des acteurs impliqués – un relevé de visites de terrain à mener, afin de commencer, tout de suite, ces travaux urgents. Comme Présidente, je veillerai à ce que notre commission mène des travaux ciblés, en vue d’émettre, d’ici la fin de notre mandat, des recommandations utiles et effectives qui devront être suivies d’initiatives concrètes ; ce que demandent les européens.

Il n’y aura pas de solution miracle. Mais ensemble, nous pouvons trouver des moyens efficaces pour renforcer l’action de l’Union européenne. Seul, aucun pays n’arrivera à relever des défis d’une telle ampleur. La sécurité est nécessairement l’affaire de tous.

 

Nathalie Griesbeck
Le jeudi 14 septembre 2017

 

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14 septembre 2017