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Nathalie Griesbeck sera à Chalon-sur-Saône ce soir pour les voeux de la CGPME 71


Circonscription Est

Ce jeudi à Mercurey, la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises de Saône et Loire cèdera à la tradition des vœux à ses adhérents. Invitée d’honneur de cette soirée, Nathalie Griesbeck, qui siège au parlement européen sur la liste MODEM pour le Grand Est, dont la Bourgogne fait partie. En avant première à cette rencontre, elle a bien voulu accorder une interview exclusive à Infos Chalon. Pour lire l’article Infos-Châlon : -Trente pour cent des français, selon un récent sondage avouent vouloir abandonner l’euro. Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Nathalie Griesbeck : Je ne suis pas du tout d’accord et je regrette vivement que tant de Français souhaitent abandonner l’Euro. Premièrement, l’Euro est au cœur de la construction européenne et cela fait plus de 60 ans que nous travaillons à la construction de cette union économique et monétaire. Deuxièmement, ces personnes rendent l’Euro responsable de la crise économique et financière, mais cette vision est erronée, comme souvent en matière économique et financière ; auparavant, on imputait les crises à la pluralité des monnaies et aujourd’hui on l’impute à l’unicité de l’Euro.

Or, je suis convaincue que l’Euro nous a, au contraire, protégé en ce qu’il a atténué les effets de la crise économique et financière. Enfin, ces personnes rendent aussi l’euro responsable de l’augmentation des prix, il est certes vrai que certains ont en profité pour augmenter leur prix, mais cela ne concerne pas la majorité des prix et produits.

Au-delà de la conjoncture actuelle, les avantages de l’Euro sont nombreux : la stabilité de l’euro a permis la mise en place d’un environnement de stabilité des prix dans la zone euro. Le fait de pouvoir effectuer des paiements avec la même monnaie dans plusieurs pays de l’UE permet une transparence des prix bénéfique aux consommateurs. L’introduction de la monnaie unique a éliminé les opérations de change. L’Euro a également induit la disparition des fluctuations de cours de change… etc.

Je suis également convaincue qu’un retour au Franc n’est en aucun cas envisageable. Certaines études économiques démontrent d’ailleurs que l’abandon de l’Euro en France se traduirait par un repli de 4 pour cent du PIB français la première année, et d’un peu plus de 10 pour cent en cumulé sur trois ans ; ce qui entrainerait, conséquence mécanique, une augmentation du taux de chômage à 13,8 pour cent en France.

Au-delà, je crois fondamentalement qu’il faut aller vers davantage d’Europe et vers davantage de gouvernance économique européenne. Je crois enfin, que malgré les critiques erronées et récurrentes, la majorité des français a bien conscience de la force qu’est l’Euro, en témoigne un nouveau sondage, d’il y a quelques jours, qui montre qu’aujourd’hui 70 pour cent des français sont défavorables à la sortie de l’Euro.

Infos-Châlon : L’Europe, pour bon nombre de nos concitoyens est très abstraite. Selon vous, pourquoi ? Manque-t-il un vrai programme pédagogique pour expliquer l’Institution, ses tenants et aboutissants ?

Nathalie Griesbeck : C’est, en effet, le plus grand défaut de l’Union Européenne : son caractère abstrait et lointain pour la plupart des citoyens européens. C’est non seulement une carence des politiques (de tous les politiques : gouvernements, administrations….) qui n’expliquent pas assez, et surtout pas assez bien à quoi sert et ce que fait l’Union Européenne ; c’est aussi une carence des médias (il faudrait que ceux-ci relayent mieux les décisions européennes afin que les citoyens européens prennent conscience de l’importance des décisions de l’Union Européenne) ; et c’est enfin et bien sûr une carence pédagogique. Pour créer un sentiment fort et profond de citoyenneté européenne, il me paraît aujourd’hui essentiel que les décisions politiques soient perçues par les européens comme les leurs. Il faut rendre ces décisions plus intelligibles, opter pour des politiques qui apporte une véritable valeur ajoutée directement perceptible par le citoyen européen.

En outre, je préconise d’aller encore plus loin que le Traité de Lisbonne en rendant le processus institutionnel, plus lisible pour le citoyen et d’imposer plus de transparence dans les modalités de décision. Il convient aussi de faire entrer l’Europe dans les programmes scolaires où elle n’occupe aujourd’hui encore qu’une part marginale. Enfin sans un renforcement et surtout une amélioration significative de la communication européenne vers le plus grand nombre, ces efforts resteront sans effet. Au-delà, je me félicite de la création de « l’initiative citoyenne européenne » par le Traité de Lisbonne. Ce nouvel instrument permettra bientôt à un million de citoyens européens de proposer une initiative législative à la Commission Européenne, soit un nouvel outil pour permettre aux citoyens de peser dans la politique européenne et un pas important vers une Europe plus démocratique et plus proche de ses citoyens.

Infos-Châlon : Vous êtes partie « en guerre » contre le président Baroso qui refuse toute négociation pour un moratoire sur les OGM. La France a raté le coche, pensez vous qu’aujourd’hui, l’Europe est en mesure d’inverser la tendance et d’ouvrir une vraie réflexion sur le dossier ? Comment vous y préparez vous ?

Nathalie Griesbeck : Je suis et je resterai opposée à la culture OGM, tant que leur innocuité n’aura pas été clairement et scientifiquement démontrée. Nous ne connaissons pas encore les effets possibles et définitifs de la culture OGM sur l’environnement et surtout la santé ; d’autre part la majorité des citoyens européens est opposée à la culture d’organismes génétiquement modifiés : deux raisons qui devraient selon moi imposer, de fait, un moratoire sur les OGM en Europe. Malheureusement, la commission européenne a tendance à forcer les choses dans ce domaine ; Or ce dont il s’agit ici, n’est ni plus ni moins, la question du modèle agricole que nous souhaitons construire… Je reste aujourd’hui très attentive à la première initiative citoyenne européenne lancée : plus d’un million d’européens demandant un moratoire sur les OGM, la Commission ne pourra pas fermer les yeux sur cette volonté européenne.

Infos-Châlon : Vous êtes membre suppléante de la commission des transports. La Route Centre Europe Atlantique dans ses deux branches, Chalon-Paray-le-Monial et Mâcon-Paray-le-Monial est classée « route européenne ». A l’heure du débat sur sa mise en deux fois deux voies, soit en concession autoroutière avec les conséquences sur le prix du trajet répercuté aux usagers, soit par un investissement porté par les collectivités, on ne parle pas de l’Europe. N’y a t-il pas, selon vous, une piste à explorer en ce sens ?

Nathalie Griesbeck : Sans vouloir rentrer dans le cœur des débats, cette route est évidemment un élément important pour le développement économique de la région et je suis bien sûr favorable au développement de cet axe routier reliant la façade Atlantique au centre de l’Europe. L’Union Européenne est évidemment favorable à la réalisation de grands axes de transports qui favorisent ainsi la mobilité des européens et le développement économique et régional de l’Union Européenne. En revanche et a priori, l’Union Européenne n’intervient en aucun cas sur un tel choix : concession autoroutière ou investissement porté par les collectivités. Nous aurons l’occasion d’en reparler en détail en fin de semaine.

Infos-Châlon : Vous allez présider, ce jeudi soir, la cérémonie des vœux de la CGPME 71, que vous avez reçue récemment à Bruxelles, à ses adhérents. Quel sera le sens de votre message ? La TPE-PME, quelle place dans l’Europe de demain ?

Nathalie Griesbeck : Un message d’espoir et de courage. Je suis convaincue que le levier de croissance de la France se trouve à portée de main : ce levier, c’est bien évidemment le potentiel économique que représentent les PME, les TPE et les PMI. La France compte plus de 3 millions d’entreprises, dont près de 2,6 millions de TPE/PME/PMI. Non seulement, ces PME/TPE créent des emplois et créent de la valeur ajoutée (nous devons aux TPE/PME 80 pour cent des créations d’emplois et 90 pour cent de la création de valeur ajoutée), mais ces PME/TPE sont également indispensables aux économies régionales et sont un maillon essentiel du territoire français.

Aussi, je crois qu’il est plus que jamais important de construire une véritable stratégie pour favoriser l’essor durable des TPE/PME et celui des TPE/PME innovantes, leur permettant d’investir, d’embaucher davantage, etc. Il faut également s’employer à réduire les obstacles au développement des TPE/PME (système bancaire et système de prêt, fiscalité, conditions de paiement imposées, verrouillage de l’accès aux marchés publics, quantité incroyable de normeset règlementations introduisant une concurrence déloyale avec les grandes entreprises…) afin de favoriser leur développement. Les PME doivent être la priorité d’une stratégie économique tournée vers l’innovation et l’esprit d’entreprise.

Infos-Châlon : En ce début d’année 2011, que souhaitez-vous, plus particulièrement à l’Europe des 27 ?

Nathalie Griesbeck : Une vraie politique, juste et forte qui se fonde sur ce qui nous unit dans la construction de l’Europe ; une politique ambitieuse qui replace l’Homme au cœur de l’action au nom des valeurs humanistes. Une sortie de la crise, la stabilisation de l’euro, une plus grande intégration européenne et un respect des valeurs, des droits et libertés fondamentales qui fondent notre socle commun.

13 janvier 2011