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La quadrature du cercle


France / LIBE

Communiqué de presse de Nathalie Griesbeck  – Les données du problème sont aussi simples que les solutions difficiles à trouver : il y a aujourd’hui à peine 56000 places de détention pour plus de 65 000 détenus, tandis que plus de 80 000 peines prononcées par les juges sont en attente d’exécution faute de place. Oui, c’est vraiment la quadrature du cercle… et d’un cercle particulièrement vicieux.

Comme souvent en France, quand on n’a pas de solution, on a une idée : et la première idée qui vient, c’est de demander un rapport ou de créer une commission. En janvier dernier, à la suite de la grosse colère du président de la République contre les juges et l’indignation légitime en retour des magistrats et des professions de justice – qu’est parvenu à apaiser non sans habilité, le nouveau garde des Sceaux, Michel Mercier -, l’Elysée a choisi la « solution » du rapport, commandé à un député UMP extrémiste connu pour privilégier systématiquement toutes les réponses en forme de répression. Le rapport qui vient d’être publié ne fait pas mentir la réputation de son auteur. Mais en réalité, jeter ainsi de l’huile sur le feu sous prétexte d’éteindre l’incendie, est-ce vraiment la bonne solution ?

Vouloir retirer l’exécution des peines aux juges indépendants pour la confier au procureur placés sous l’autorité de l’exécutif à travers le ministre de la Justice, constitue une menace de régression en la matière. Et que dire de la proposition incohérente – et parfaitement contre-performante par rapport à la réalité de la situation – de réduire à la portion congrue la possibilité d’aménager les peines, alors même que les prisons sont déjà surpeuplées ? Ce n’est pas avec des effets d’annonce à visées manifestement électoralistes et destinés à chasser sur les terres du Front National, qu’on peut espérer pallier les carences de l’Etat en la matière qui se sont beaucoup aggravées au cours des dix dernières années, c’est-à-dire celles pendant lesquelles Nicolas Sarkozy et les siens ont pleinement participé à l’exercice du pouvoir avant d’en devenir les détenteurs absolus. Ces prétendues solutions n’en sont pas, bien au contraire. Ce ne sont au mieux que des emplâtres sur des jambes de bois.

La question pénale, qui est une question grave, mérite mieux que cela. Elle exige bien plus que ces faux-semblants. Pour être réaliste et efficace, ce qu’il faut, c’est s’atteler à reconstruire ensemble une vraie politique pénale à la fois ferme et juste, cohérente, réaliste et humaniste, qui enfin permette à la France de cesser d’être l’une des lanternes rouges de l’Europe, comme c’est malheureusement aujourd’hui le cas. Si nous y parvenons, notre pays redeviendra tout au contraire à nouveau pour le monde un des exemples rayonnants et lumineux de l’efficacité et de la grandeur de l’Etat de droit.

 

Metz, le 7 juin 2011

Communiqué de presse de Nathalie Griesbeck

Députée européenne

Membre du shadow cabinet du MoDem,  chargée des libertés et de la Justice

7 juin 2011