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Festival de l'engagement solidaire


France / Mon action

Nathalie Griesbeck participait samedi 3 décembre dernier au festival de l’engagement solidaire, organisé au Parlement européen à Strasbourg, afin de rencontrer et de discuter avec 700 bénévoles, volontaires et personnes en situation de pauvreté accompagnées par le réseau Caritas. Ce festival est le temps fort de l’Année européenne 2011 du bénévolat et du volontariat, il portait sur l’engagement solidaire sous toutes ses formes pour lutter contre la pauvreté, l’exclusion et les inégalités en France, en Europe et dans le monde. Cliquez ici si vous souhaitez lire le discours prononcé par Nathalie Griesbeck à cette occasion.

Nathalie GRIESBECK, Parlementaire

 Merci beaucoup Monsieur le Président. Permettez-moi de parler dans ma langue maternelle qui est le Français.

 Bonjour à tous, qui venez d’horizons européens différents et aussi d’horizons non européens différents, d’Asie, d’Afrique, peut-être d’Amérique, d’Amérique Latine, je ne sais pas. Bienvenue à tous dans ce magnifique Parlement, dans ce magnifique hémicycle du Parlement Européen qui aujourd’hui, pour moi a trois singularités, au moins trois.

 La première, la présence des enfants qui viennent à l’instant de tracer une ligne, un lien magnifique entre les générations, et les cultures différentes et les continents différents, et je voudrais saluer leur présence car il n’y a jamais de petits enfants dans cet hémicycle. Mais aussi par rapport à ce qu’ils viennent de dire nous essayons aussi d’apporter du rêve pour que nos actions soient plus proches de l’humanisme. Et nous aussi, les députés européens, nous essayons de rêver et de transformer le rêve en concrétisation. Donc la première différence magnifique et merveilleuse c’est la présence des enfants.

 La deuxième différence c’est que, à ma place, dans l’hémicycle, se trouvent des visages connus et reconnus, pour moi, de deux religieuses qui viennent de ma région et qui se trouvent ici de l’autre côté de la barrière et je suis très très heureuse  de ce renversement de situation.

 Et puis la troisième différence est mineure, mais elle me fait très plaisir : c’est de vous voir ici, dans cet engagement, extrêmement important et précieux pour notre société européenne mais aussi pour notre société humaine, de vous retrouver dans notre hémicycle, car il est à vous aussi, et que ce soit un samedi parce qu’en général il n’y a personne le samedi dans cet hémicycle, absolument personne.

 Alors avant de vous dire un petit peu ce que je fais et d’essayer de tracer une empreinte de ce qui pourrait être une forme de réponse aux trois messages et aux trois manières d’expliquer avec les témoignages, quels sont vos souhaits, quelles sont vos contraintes, quelles sont vos espérances, et avant de vous dire ce que je fais dans ce parlement, je souhaiterais vous dire qu’ici, là où vous êtes aujourd’hui se situe la représentation d’un demi-milliard de citoyens européens. Nous sommes aujourd’hui 27 Etats membres qui sont tous dans une crise non seulement économique, mais également morale, politique et sociale extrêmement grave, et ces 27 Etats membres sont représentés dans cet hémicycle par un peu plus de 700 députés en une seule assemblée, qui siègent non pas selon leur nationalité mais leur sensibilité.

 Je salue la présence des témoins de la communauté rom ; le sujet et les préoccupations des Roms en Europe et hors de l’Europe, mais en Europe, constitue un sujet extrêmement grave et important pour les députés européens, à tel point d’ailleurs que si vous avez suivi les uns et les autres , il y a eu beaucoup, non seulement, de débats, mais de mesures qui ont été prises et même, pour le pays auquel j’appartiens qui est la France, une mise en demeure de notre pays exprimé par Madame Reding, la commissaire européenne chargée de la Justice et des Affaires Intérieures et en partie des Libertés, une mise en demeure de notre pays, la France, par rapport aux dispositions absolument iconoclastes au plan du droit national mais aussi du droit communautaire, qui avaient été édictées par ce pays il y a quelques mois et qui ont amené la France à devoir modifier sa loi nationale pour entrer en conformité avec le droit communautaire par rapport à la forme de discrimination qui était édictée dans le texte en question. Donc c’est pour répondre de manière technique mais si on traite aussi des dossiers comme vous l’avez fait, il arrive, et même c’est le cas la plupart du temps, qu’ils soient évidemment avec une connotation juridique. J’ajouterai aussi, en parlant de l’exemple de nos amis roms qui se sont exprimés, que dans cet hémicycle il y a plusieurs parlementaires qui sont originaires de la communauté rom, et dans des sensibilités politiques différentes, et d’autres qui ont eu des parcours avec des accidents de vie et qui ont été élus par leurs concitoyens pour les représenter et pour exprimer la position de leur pays au sein de l’Union Européenne.

 Deux mots pour vous dire, bien sûr, le plaisir qui est le mien de vous rencontrer ici, de pouvoir avoir une énorme responsabilité, que je ne suis pas sûre de savoir assumer, mais en tout cas, que j’essaierai à tout prix de soutenir : celle d’être le porte-parole de ce qui vient de se dire, de travailler en lien avec Monsieur le Président qui a eu la gentillesse de m’inviter avec mes autres collègues je suppose, et de Monsieur le Délégué général de Caritas, pour être l’interprète de ce qui s’est dit auprès de tous mes collègues députés. Alors c’est une grosse responsabilité, en dehors du fait qu’il va falloir que je leur dise en 23 langues différentes puisque nous avons 23 langues différentes auxquelles nous pouvons ajouter le Luxembourgeois et le Gaélique, cela fait 25 sur 27. Donc ça c’est pour mettre un peu d’humour. Mais soyez convaincus que je serais votre porte-parole auprès de mes collègues des différents groupes politiques, de votre venue aujourd’hui, pas uniquement de votre venue et de votre présence, mais des messages que vous avez décidés de nous livrer à nous les parlementaires européens.

 Donc pour ma part personnellement, avant d’essayer d’esquisser une petite série de réponses aux questions et aux propositions d’améliorations de choses que vous avez dites, je voudrais vous dire que je m’appelle Nathalie Griesbeck, que je suis Française, que je suis membre de la commission des Libertés justement, de la Justice et des Affaires Intérieures qui est une commission qui travaille sur une compétence qui est absolument proche de vos préoccupations, c’est-à-dire des nôtres, la lutte contre les discriminations, la lutte pour l’égalité des citoyens quelque soit leur origine, la volonté de créer de la liberté, de l’égalité ainsi que de la solidarité pour tous les citoyens européens et donc des dispositifs qui sont plus techniques qui touchent à l’harmonisation de nos droits nationaux puisqu’aujourd’hui, dans la mobilité qui est la notre, bien sûr on peut passer d’un Etat à un autre. Cette commission des Libertés  traite aussi avec l’autre commissaire qui s’appelle Cécilia Malmström, qui est une jeune femme suédoise, elle traite également de tout ce que représente le problème des migrations en Europe : c’est-à-dire que nous travaillons d’arrache-pied à lutter contre l’égoïsme des Etats, à créer un droit d’asile européen qui connaisse des règles communes en Europe, de façon à ce que nous cessions de balloter par hypocrisie des gens qui pénètrent dans l’espace européen et qui sont ballotés d’une frontière à l’autre. Je suis allée à plusieurs reprises à la fois dans les camps de réfugiés de l’île de Samos en Grèce qui accueillent donc des demandeurs d’asile, des réfugiés, des gens qui fuient pour des raisons qui leurs sont propres leur terre natale et qui sont mal accueillis dans l’espace européen et qui ne trouvent pas de réponse adaptée. La réponse doit être une réponse européenne. J’étais également, il y a quelques semaines, sur l’île de Lampedusa, où j’ai vu les camps de réfugiés qui arrivent par la Méditerranée et qui ensuite sont accueillis et qui ne sont pas dans le cadre qu’ils espéraient, qui n’est pas l’Eldorado. Et le témoignage de Madame la représentante de l’équipe de Colmar confirme ce que vous connaissez, tous dans tous les coins où vous êtes en Europe, des difficultés de ces demandeurs d’asile qui sont ballotés et qui sont souvent renvoyés aux frontières, sans que toujours le droit ne soit totalement et clairement appliqué d’autant plus qu’ils connaissent des situations de difficultés d’interprétation, de transcription…

 Comme vous j’aspire à une Europe plus sociale. Non pas seulement à plus d’Europe, mais à une Europe plus sociale. Et nous avons eu, même si je suis un peu longue je veux témoigner devant vous, de cet épisode dont vous avez entendu parler, qui a fini par aboutir il y a quelques jours en ce qui concerne le programme d’aide aux démunis. Vous en avez entendu parler ?… qui a fait l’objet d’une bataille extrêmement forte entre des membres du Parlement Européen, presque toutes sensibilités confondues, pas beaucoup avec les extrêmes de ce côté-là (elle montre la droite de l’hémicycle) mais quand même très largement… qui a aboutit à ce que l’on conserve les 500 millions d’euros que l’Union Européenne avait dans le cadre de la Politique Agricole Commune, au départ à partir des surplus de l’agriculture et qui se sont  transformés en une série de subventions, dont les banques alimentaires, les Restos du Cœur… reçoivent une subvention et qui leur permet d’apporter des subsides aux dix huit millions d’Européens qui aujourd’hui, sur les 500 millions, entreraient dans la précarité et dans la difficulté. Ca a été un bras de fer terrible avec les Etats, avec six Etats qui refusaient d’inscrire cette aide : l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-bas, la République Tchèque et le Danemark, qui expliquaient que ces 500 millions devaient être trouvés dans les budgets nationaux. Nous nous sommes battus, j’allais dire comme des diables, mais peut-être que nous n’avons pas le droit de le dire ici, donc nous nous sommes battus bec et ongles, et nous continuons de nous battre, notamment dans l’intergroupe « extrême-pauvreté », pour pouvoir continuer de l’exercer.

 Très rapidement sur les trois messages très clairs que vous avez exprimés.

Le premier message sur « la participation citoyenne et le bénévolat » : pour nous, les Européens, le bénévolat est une valeur ajoutée à la société, surtout dans les difficultés qui sont les nôtres, et donc les institutions européennes essaient, dans l’année du bénévolat ou du volontariat, dont Monsieur le représentant du Président Buzek a parlé je pense, nous essayons d’établir un statut du bénévole, ensemble, en tenant compte des diversités. En ce qui concerne le risque de marchandisation, bien entendu que c’est un risque, et là tous les Etats, à travers les institutions, doivent contribuer à vous aider. Pour le soutien aux bénévoles et aux volontaires il y a de nombreux programmes européens qui peuvent apporter des aides pécuniaires en fait au bénévolat, et nous souhaitons, dans l’intergroupe qui s’occupe du volontariat, qu’il y ait un cadre juridique clair, pas un seul cadre, ce n’est pas possible, mais un cadre qui ait des points communs, et donc en essayant de gommer les contraintes, d’utiliser une sorte de validation des acquis de l’expérience dans un parcours de vie qui soit reconnu au titre de l’expérience et une reconnaissance aussi tout simplement de ce que représente, dans notre société européenne, le volontariat comme valeur ajoutée et plus value. Merci.

 

21 décembre 2011