C’est malheureusement une session grave et marquée par le terrorisme que nous venons de vivre. Mardi 11 décembre, la ville de Strasbourg a été attaquée en plein cœur par un assaillant aux motivations terroristes. Par une singulière et épouvantable coïncidence, c’est ce même jour que nous débattions des recommandations de la commission spéciale sur la lutte contre le terrorisme – et le lendemain, que nous les votions. L’attaque de Strasbourg nous montre que la menace endogène subsiste. Face à ces idéologies extrémistes qui veulent défier nos modes de vie, restons unis et solidaires.
***
Dans une atmosphère empreinte d’une grande gravité, le Parlement européen a adopté le mercredi 12 décembre à une très forte majorité (474 voix pour face à seulement 112 voix contre et quelques abstentions) des préconisations et recommandations qui marquent sa volonté de renforcer à l’échelle européenne, nationale et locale la lutte contre le terrorisme. Le Parlement européen exprime ainsi d’une voix forte le rôle indispensable que doit jouer l’Union européenne pour faire face à cette menace qui dépasse nos frontières matérielles et immatérielles.
Un débat en plénière pour achever et conclure les travaux de la commission
La veille, en session plénière, les membres du Parlement européen ont débattu des recommandations de la commission spéciale sur la lutte contre le terrorisme. Nathalie Griesbeck, présidente de cette commission, s’est exprimée à cette occasion.
Interrogée par un collègue au sujet de son appel, en faveur de la création à long-terme d’une sorte de « FBI européen », Nathalie Griesbeck a pu clarifier et préciser sa position.
Des recommandations approfondies et concrètes
Le rapport de la commission spéciale vise à répondre à la multitude des enjeux qui sont liés à la lutte contre le terrorisme :
Améliorer la prévention de la radicalisation : en ligne, dans les écoles, mais également dans les prisons en recommandant par exemple la création d’un système de licence pour les aumôniers qui travaillent en milieu carcéral.
Développer davantage la coopération et l’échange d’informations : cœur du mandat de la commission spéciale, les députés européens appellent à mettre efficacement en œuvre les outils existants (tels que des bases de données) et à mieux les interconnecter afin que les informations pertinentes soient échangées, dans le strict respect des droits fondamentaux. Le Parlement européen souhaite tendre vers une nouvelle approche en développant le « partage par défaut » de toutes les informations liées au terrorisme sauf si cela met en danger une affaire en cours par exemple.
Renforcer encore davantage bien évidemment les frontières externes de l’Union européenne : parmi les mesures proposées, les députés de la commission spéciale alertent sur la nécessité de combattre la fraude aux documents d’identité.
Aller plus loin pour lutter contre les moyens d’actions des terroristes : le rapport émet des recommandations pour priver les organisations terroristes de leurs financements en mettant notamment en avant le lien de plus en plus étroit entre les techniques utilisées par la criminalité organisée et les organisations terroristes. Les députés souhaitent également mieux contrôler la commercialisation des précurseurs d’explosifs (ces substances qui sont utilisées pour fabriquer des bombes) ou encore prendre en compte les évolutions récentes relatives au trafic illicite des armes à feux.
Ne pas oublier les droits des victimes : le Parlement européen demande l’adoption d’une proposition législative qui définisse la notion de « victimes de terrorisme ». Cette définition devrait inclure des informations sur les procédures d’indemnisation et insister sur le besoin de soutien psychologique. La commission spéciale précise également le rôle que devrait avoir le Centre européen de coordination pour les victimes de terrorisme, que la Commission européenne est en train de créer.
Donner uneplace importante aux droits fondamentaux : la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire aux dépens du respect des libertés fondamentales et des valeurs démocratiques. Les députés insistent sur l’importance de trouver un juste équilibre entre la nécessité de protéger les citoyens d’un point de vue sécuritaire et celle de leur assurer en même temps la sécurité juridique.
À la suite du vote en plénière, Nathalie Griesbeck, accompagnée des deux co-rapportrices (Monika Hohlmeier et Helga Stevens) s’est exprimée au sujet de la terrifiante attaque de Strasbourg dans le cadre d’une conférence de presse au sein du Parlement européen. Retrouvez ses propos en vidéo :
Vous pouvez également retrouver des interviews de Nathalie Griesbeck à ce sujet :
Dans le Journal télévisé 19/20 Lorraine du mercredi 12 décembre :